Feuilleton Veaugeois 3- Les très nombreux enfants de Louis Veaugeois et Jeanne Caillebotte

Travailler une généalogie descendante n'est pas facile lorsque la famille est nombreuse et bouge beaucoup. Les enfants du couple Louis Veaugeois (1793-1875) et Jeanne Caillebotte (1794-1883) m'ont donné du fil à retordre et je n'ai pas toujours pu aller aussi loin que je le voulais. Outre l'état civil, ce sont les recensements qui m'ont permis les avancées les plus marquantes. L'indexation nominative de la presse ancienne sur Geneanet et sur Gallica permettent aussi de petits miracles.

Cette fratrie est une véritable anomalie statistique : ils sont au moins treize et en plein XIXe siècle, je n'ai trouvé trace d'aucun enfant mort en bas âge. Au contraire, dès que les ainés sont grands, des enfants en nourrice, de l'hospice de Laval pour plusieurs d'entre eux, viennent occuper les places vides et certains restent là au moins le temps de figurer dans deux recensements successifs. Des petits-enfants de Louis et Jeanne, peuvent prendre place dans la maisonnée, parfois la moitié d'une vie. Une fois les parents disparus, la tribu ne se disperse pas totalement et le ménage se compose de soeurs vieillissantes qui continuent à accueillir des enfants en nourrice jusqu'à un âge avancé.

1- Louis François Veaugeois : né le 30 novembre 1817 à Gorron. Il se marie le 8 mai 1843 à Colombiers du Plessis avec Scolastique Badier (1804-1875). Il a eu deux filles et un fils. Sa descendance est très nombreuse par sa fille Marie Virginie Vaugeois, mariée à Jean Marin Deniau.

2- Michel Marie Veaugeois : né le 14 janvier 1819 à Gorron. Au recensement de 1836, il est domestique dans un autre foyer de Gorron. Je n'ai retrouvé ni mariage ni décès. J'ignore ce qu'il est devenu ensuite.

3- Julien Louis Veaugeois : mon ancêtre direct, auquel l'épisode 5 sera consacré.

4- Firmin Victor Auguste Veaugeois : né le 10 mai 1822 à Gorron. Il se marie au Havre le 19 décembre 1854 avec Caroline Toulorge, fille d'un charpentier de marine originaire de la Manche. Je n'ai retrouvé qu'un enfant d'eux dans les registres du Havre : Blanche Vaugeois, née le 13 juillet 1857 au Havre dans la maison de son grand-père maternel, alors 62 rue du Perrey. Caroline Toulorge décède prématurément le 24 octobre 1860. Blanche est rapidement envoyée chez ses grands parents Vaugeois. Il faut dire que la mère de Caroline est décédée en 1858 et que le père Toulorge n'est pas un individu bien recommandable. Il vit en concubinage à partir de 1860 avec une femme plus jeune, connue pour son ivrognerie et son inconduite, qu'il finit par épouser en 1869. Le 14 août 1874, il est condamné à huit ans de réclusion pour homicide. Des circonstances atténuantes ont été retenues par le jury, ce qui explique la faiblesse de la peine. Toulorge a cru que le dénommé Marc ou Marq, venu chez lui pour lui acheter du bois de démolition, était  l'amant de sa femme. Il l'a égorgé à coups de sabre de marine fraîchement affûté. Sa deuxième femme n'a dû son salut qu'à la fuite. Salut bien précaire en outre : quelques jours plus tard elle est condamnée à trois jours de prison pour ivresse par le tribunal de police du Havre et elle meurt pendant sa peine, le 3 août 1874. Si cette affaire vous intéresse et que vous voulez en savoir plus, deux références :
- Le Journal de Rouen du 28 juin 1874, page 2, disponible sur le site des archives de Seine-maritime.
- La presse du 22 août 1874, disponible sur le site Gallica de la BNF. 
C'est loin de ce personnage que grandit la fille de Firmin Veaugeois. Louis et Jeanne ont quitté Gorron et c'est à Hercé qu'elle habite avec eux en 1861. Elle suit sa grand-mère jusqu'à sa mort, puis ses tantes. En 1906, elle est recensée une dernière fois à la ferme de La Coquinière à Saint-Aubin-Fosse-Louvain avec ses tantes paternelles. J'ignore ce qu'est devenu Firmin après la mort de sa femme. Je n'ai pas trouvé trace d'un remariage au Havre ou de son décès. Les recensements de Seine maritime n'étant pas en ligne, je ne sais pas s'il est resté dans cette commune ou s'il est allé exercer plus loin sa profession de charretier.

5- François Victor Veaugeois : né le 30 janvier 1824 à Gorron. Grenadier au 28e régiment d'infanterie de ligne, 1er bataillon, sous le matricule 304, il participe à l'occupation militaire du port grec du Pirée à partir de la fin du mois de mai 1854. Cette opération militaire est liée à la guerre de Crimée qui oppose alors la Russie et l'empire Ottoman. Dans le jeu de l'équilibre des puissances qui est celui de l'Europe du congrès de Vienne de 1815 à 1914, le Royaume-Uni, la France et l'Italie en cours d'unification voient d'un mauvais œil l'expansionnisme russe. Ils interviennent donc en appui de l'Empire ottoman et contre la Russie et ses alliés. Parmi eux figure le jeune royaume hellène, indépendant depuis 1832, qui voudrait en profiter pour annexer des territoires en Thessalie et Macédoine, où les Grecs ottomans se sont soulevés. Français et Anglais occupent donc Le Pirée pour forcer le roi Othon Ier de Grèce à rester neutre et à nommer un gouvernement favorable à leurs intérêts. Cette opération dure trois ans (1854-1857) et c'est dans les premiers mois que François Victor est atteint de la fièvre typhoïde. Hospitalisé le 2 août 1854 à l'hôpital militaire du Pirée, il succombe le 28 août, à l'âge de 30 ans.

6- Rosalie Aimable Veaugeois : née le 1er août 1825 à Gorron, elle est encore chez ses parents au recensement de 1836. En 1846, elle est domestique chez Joseph Fillâtre à Gorron. Je perds ensuite sa trace.

7- Virginie Geneviève Veaugeois : née le 31 décembre 1826 à Gorron, elle est décédée le 25 juin 1900 à St Aubin Fosse Louvain. Elle ne s'est jamais mariée mais a pourtant eu un enfant, Louis Veaugeois, né le 21 juin 1852 à Laval où elle réside pendant une trentaine d'années. Devenu marchand de charbon, il se marie le 24 février 1879 à St Ouën des Toits. Louis est encore à Laval en 1898 quand il est libéré des obligations militaires. Comme ses sœurs Julienne (8), Jeanne (9) et Victoire (11), Virginie réside à la fin de sa vie à la ferme de la Coquinière.

8, 10, 11 & 13 Julienne Louise Veaugeois, née le 20 mars 1828 à Gorron et Jeanne Veaugeois, née le 13 février 1832 à Gorron. Elle sont encore recensées en 1901 à Saint Aubin Fosse Louvain. Leur sœur Victoire Marie Veaugeois, née le 23 décembre 1833 à Gorron, est elle décédée à Saint Aubin Fosse Louvain le 29 juillet 1900, à la ferme de la Coquinière. La plus jeune de la fratrie, Marie Joséphine Veaugeois, est née le 2 juillet 1838 à Gorron. Elle est encore recensée à la Coquinière en 1906. Plus aucune Veaugeois ne réside à la Coquinière en 1911.

A elles toutes, elles constituent une forme familiale originale, qui accueille des enfants en nourrice tant que leur âge le leur permet. Ainsi en 1896, les quatre soeurs ont entre 53 et 70 ans selon le recensement, leur nièce Blanche 38. A elles cinq, elles accueillent en nourrice Maurice Maurey (14 mois), Suzanne Leroux (5 mois) et Paul Le Roy (3 mois), tout en continuant à exploiter la ferme. En 1901, les enfants recensés sont quatre : Robert Martin (3 ans), Fernand Mareau, Amans Levêque, et Jules Lechaptois (les trois derniers 1 an). Plus d'enfants en revanche en 1906.

9- Auguste François Veaugeois, né le 23 décembre 1829 à Gorron. Je perds sa trace après le recensement de 1841 mais il n'est pas décédé à Gorron dans les années qui suivent.

12- Henri François Vaugeois, né le 2 juin 1836 à Gorron. Comme pour Auguste, je perds sa trace après un recensement, celui de 1851. A chaque fois, le recensement suivant correspond à un âge où les frères aînés étaient placés comme domestiques dans d'autres familles.

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