Le procès Daygouy 7- La version initiale de Jean-Baptiste : la légitime défense

Deux versions des faits ont été données par Jean-Baptiste. La première date du lendemain des faits, juste avant qu’il ne s’enfuie. Il l’a faite de lui même auprès d’un huissier de justice

"L’an dix huit cent sept et le dix huit jour du mois d’octobre par moi Antoine Decruejols huissier (…) soussigné à la requête du sieur Jean Baptiste d’Aigouy, propriétaire du village du Bousquet et mairie de Coubisou qui élit domicile en sa maison, a été exposé et dénoncé à Monsieur Rozier magistrat de sureté que la nuit dernière, entre les dix et onze heures, Anne Garrigues son épouse s’étant aperçue qu’Elizabeth Annat et une autre fille nommée aussi Elizabeth, de Laguiole, qui étaient à la journée depuis quelques jours pour ramasser les châtaignes, qu’elle croyait être dans la cour de sa maison auprès du four que certains voisins chauffaient, n’y étaient point. S’informa de ce qu’elles étaient devenues, et ayant appris qu’elles étaient sorties pour aller danser chez Antoine Pègues, voisin, avec une troupe de jeunes gens, crut de son devoir d’aller appeler ces deux filles pour venir se coucher, comme chargée de veiller sur leur conduite. Mais cette démarche lui attira un déluge d’injures des plus atroces et des menaces de la part dudit Pègues, de Jean Pègues son frère, de Pierre Coste dit Four, de Jean Pierre, Jean François Blanc frères du village de Labro, d’un fils de Lacroix Gioutou de Falguières, et autres. L’un des enfants et autres de l’exposant ayant été au secours de sa mère fut poursuivi par les susnommés et forcé de rentrer au plus vite, il ferma le portail de la cour ; mais à peine fut-il fermé que cette troupe de jeunes genres et la mère desdits Pègues firent les plus grands efforts pour l’enfoncer à coups de pierre, et n’ayant pu parvenir, ils furent essayer d’enfoncer une autre porte par laquelle on entre dans sa maison, alors, se croyant au moment d’être massacré lui et sa famille, il se vit réduit à s’armer d’un fusil chargé de petit plomb qu’il tira en l’air pour épouvanter les assaillants. Et d’autant qu’il n’y a rien de plus contraire à la sureté publique et au repos des citoyens que des attroupements nocturnes accompagnés d’assassinat, l’exposant en fait sa dénonce à Monsieur Rozier, afin qu’il lui plaise de faire punir les coupables du dit assassinat suivant la rigueur des lois et a baillé copie du présent en sa maison de la ville d’Espalion en partant à lui même de son domicile."


Outre que l’on voit mal comment un tir en l’air aurait pu causer les blessures relevées par l’autopsie, la version de Jean-Baptiste ne désigne aucun coupable à l’assassinat. Et les dépositions de nombreux témoins livrent une tout autre version. Enfin, sa fuite qui entrainera sa condamnation par contumace ne le montre pas très sûr de sa défense. On le verra, sa déposition après s'être rendu sera un peu différente...

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